Philipp Kutter, vit avec la tétraplégie

Conseiller national pour le canton de Zurich et le parti du Centre, Philipp Kutter (48) vit avec un handicap depuis un accident de ski. Il siégeait déjà au Parlement depuis près de cinq ans au moment de l’accident et souhaite utiliser cette expérience pour s’engager politiquement en faveur des personnes handicapées.

Reporter sans barrières: Nicole Haas

Titelbild - Philipp Kutter
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Philipp Kutter espère à l’avenir bénéficier d’un vent favorable grâce à l’initiative pour l’inclusion, qui entend ancrer dans la Constitution l’égalité des personnes handicapées ainsi que le droit à l’assistance. Outre une meilleure protection contre la discrimination, elle pourrait apporter un nouvel élan dans la politique nationale en faveur des personnes handicapées. Le politicien du Centre a bon espoir que les 100 000 signatures puissent être récoltées jusqu’à l’automne. Une lueur combative dans les yeux, il renchérit : « Je me réjouis déjà des débats au sein du Conseil national. »

Père de deux filles, il se sent privilégié car il est bien connecté au sein du Parlement et aussi très soutenu au niveau privé, notamment par sa femme. Il ne bénéficie pas d’assistance de l’AI pour son quotidien professionnel, car les personnes souffrant d’un handicap suite à un accident sont exclues des prestations d’assistance de l’AI. Or, des systèmes de soutien fonctionnels sont indispensables à l’activité profesionnelle de M. Kutter.

Sans soutien, je ne peux ni travailler, ni remplir mon mandat politique, alors que c’est tout à fait possible avec du soutien.

La Confédération verse une contribution pour les prestations d’assistance pendant les journées de session. En revanche, il finance lui-même l’assistance liée à son activité comme président de Wädenswil.

Peu après son accident, Philipp Kutter communiquait déjà de manière ciblée et ouverte sur son état. Trois jours après l’accident, il postait le premier message sur les réseaux sociaux depuis son lit d’hôpital. Il explique que dans son cas, le besoin en information était grand et que les gens voulaient savoir comment il allait et connaître les conséquences de son accident sur son activité politique. « Les habitants de Wädenswil, surtout, se posaient beaucoup de questions », raconte-t-il. Il ne regrette pas l’ouverture dont il a fait montre. « Dans ma situation, c’était la bonne décision. J’ai reçu de nombreux messages d’encouragement ou pour me proposer de l’aide. »

Le fait que Philipp Kutter se soit lancé dans la campagne pour une nouvelle élection au Parlement fédéral quelques mois seulement après son grave accident de ski a fait sensation. Sa communication convaincante, son attitude sympathique, ainsi que son parcours positif de plusieurs années comme président de Wädenswil et conseiller national lui ont permis de se faire réélire haut la main en octobre 2023.

Depuis, M. Kutter a participé à deux sessions en tant que politicien en situation de handicap au Palais fédéral et a également repris ses fonctions à la présidence de Wädenswil. S’il estime qu’une nouvelle normalité s’est établie dans une certaine mesure, il précise toutefois qu’il vit « encore beaucoup de choses pour la première fois en tant que personne handicapée. Les processus ne sont pas encore tous automatisés. » Le quotidien continue de lui réserver son lot de défis et de surprises. C’est surtout au lever ainsi que le soir qu’il a besoin de bien plus de temps qu’avant. Pour cela, il recourt à une organisation d’aide et de soins à domicile. Les trajets en transport public sont eux aussi devenus beaucoup plus longs et compliqués au niveau organisationnel.

Sur ce point, le président de la commission des transports du Conseil national se voit lui-même responsable de contribuer à un changement : « Améliorer l’accessibilité des transports publics est un aspect central de la politique du handicap. » La révision de la loi sur l’égalité des personnes handicapées (LHand) pourrait également y contribuer. Le projet de révision du Conseil fédéral ne le convainc toutefois pas encore. « Je trouve que le projet manque de courage. » Il partage l’avis des personnes militant pour les droits des personnes handicapées ainsi que des organisations de personnes handicapées, qui jugent le projet insuffisant et trop peu approfondi.

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