Tina Schai, vit un handicap visuel.
Tina Schai (36) parvient à concilier famille et travail. Son handicap visuel n’a pas été un obstacle lorsqu‘elle a décidé de de fonder une famille, précise cette mère de deux enfants.
Reporter sans Barrieres : Kim Pittet
Mis à part une aide au ménage, elle ne dispose que le mercredi d’une personne d’assistance. Au quotidien, Mme Schai fait donc preuve de créativité et développe ses propres astuces pour accomplir les tâches ménagères de manière autonome. Par exemple, elle hume les vêtements de ses enfants pour vérifier s’ils sont sales. « Pour moi, il est très important qu‘ils portent des vêtements propres, car je ne veux pas confirmer les préjugés. » Ces préjugés à l’égard d’une mère handicapée, elle les subit surtout de manière implicite ou sous forme de questions. On lui demande par exemple comment elle parvient à surveiller son enfant sur la place de jeux ou à lui lire une histoire. Elle suppose cependant que d’autres mères en situation de handicap sont davantage confrontées aux préjugés qu’elle en raison d’un cadre de vie peut-être moins favorable que le sien.
Membre de la direction élargie de l’association de psychiatrie sociale de Bâle-Campagne, Tina Schai reprendra son travail à temps partiel dès son congé de maternité terminé. Son métier est important pour elle : « Je veux être considérée comme un être humain, avec toutes mes facettes. Je ne suis ni seulement une mère, ni seulement une personne handicapée. Je suis aussi une femme, qui travaille, fait du sport, etc. »
Toujours est-il que le rôle de maman peut certainement contribuer à lever certains obstacles. « La maternité sert aussi de lien et me permet par exemple de discuter avec d’autres parents sur la place de jeux », explique Mme Schai. Si elle peut très bien imaginer que ses enfants soient un jour interpellés par leurs amis au sujet du handicap de leur mère, cela ne lui fait pas peur. « Les enfants ont toujours beaucoup de questions, que ce soit sur la couleur de la peau, les vêtements ou, dans mon cas, le handicap. Ce sujet ne m’inquiète pas plus que leur futur usage des médias ou d’autres défis qui se présenteront au cours de la vie. »
Le mercredi est l‘un des deux jours libres que Tina Schai consacrera à ses deux enfants à partir du mois de juillet, au terme de son congé de maternité. Outre des tâches quotidiennes comme les courses de la semaine, ce temps suffit également pour aller à la piscine ou rendre visite à des amis. Une personne d’assistance est toujours présente et la soutient pour surveiller ses enfants, trouver son chemin et arriver à bon port. Mme Schai est en effet atteinte du syndrome de Peters depuis sa naissance. Ce grave handicap visuel limite son champ de vision, laissant dans son cas une capacité visuelle de 2 % à l’œil gauche et de 7 % à l’œil droit.
La Bâloise raconte qu’elle n’a jamais douté de sa capacité à assumer les tâches propres à la maternité. Son handicap n’a pas été un sujet décisif au moment de fonder une famille. Elle s’est donc peu informée sur les défis auxquels sont confrontées les mères malvoyantes et affirme que l’on trouve toujours un moyen, d’une manière ou d’une autre. Avant d’ajouter : « Je pouvais compter sur un partenaire qui me soutenait et me connaissait depuis longtemps. Nous savons tous deux où nous compléter et nous soutenir mutuellement. » Les membres de son entourage sont également serviables et disponibles.
En revanche, dès qu’il s’est agi du système de santé, Mme Schai a tout de suite compris que les médecins n’étaient souvent pas préparés à accompagner la grossesse d’une femme malvoyante. Pendant longtemps, personne ne savait si un accouchement naturel serait possible en raison de sa pression oculaire trop élevée, ni si ses médicaments seraient nocifs pour l’enfant. Une sage-femme a accompagné les futurs parents pendant le dernier tiers de la première grossesse, toute la deuxième grossesse ainsi que les deux accouchements. Cet accompagnement s’est révélé particulièrement précieux : « Ainsi, j‘avais quelqu‘un qui était entièrement à mes côtés et qui savait ce que je voulais et ce que je pouvais faire. » Tina Schai souhaiterait que des thèmes tels que la grossesse et l’accouchement chez les personnes handicapées soient davantage intégrés dans la formation du personnel médical. « Que le tableau clinique des personnes handicapées ne soit pas considéré de manière isolée, mais en relation avec d’autres contextes médicaux. »